Crise agricole française

Depuis plusieurs mois maintenant, les mouvements de colère des agriculteurs se multiplient un peu partout en France. Ils sont le reflet d’une crise profonde qui illustre toute la nocivité de l’Union européenne. Une crise si profonde qu’aucune des mesures d’urgence* adoptées par le gouvernement n’a pu y venir à bout. (*essentiellement des aides financières directes et indirectes, mais superficielles et insuffisantes)

La crise qui ébranle le monde agricole est en effet la somme de multiples difficultés, structurelles et conjoncturelles, liées à l’Union européenne. La première d’entre elles est la concurrence déloyale massive, aussi bien intra que extra européenne, imposée à nos agriculteurs (fermes usines et travailleurs détachés en Allemagne, coût dérisoire de la main d’œuvre dans les pays du sud de l’Europe, distorsion des normes de production, etc.). À celle-ci s’ajoutent pêle-mêle l’interdiction invraisemblable de l’étiquetage, l’embargo russe, la multiplication des normes absolument intenables pour les petites exploitations et qui tendent à bouleverser notre modèle agricole vers une agriculture intensive et déshumanisée.

Cette crise agricole frappe avec une particulière sévérité les éleveurs (notamment de porcs) et les producteurs de lait. À titre d’exemple, et pour montrer toute l’inefficacité aussi bien pratique que juridique des réponses du gouvernement, les acteurs de la filière du porc s’étaient entendus pour un prix d’achat du cochon aux producteurs à 1,40 euro le kilo ; aujourd’hui, les cours du porc sont à 1,08 euro le kilo ! Dans ces conditions, 20% des producteurs de porcs pourraient mettre la clé sous la porte cette année, après déjà 20% de faillites l’année dernière ! Et leurs ennuis pourraient aller encore plus loin puisque la Commission européenne s’est déjà employée à attaquer ce type d’accords pour cause d’entente illégale sur les prix...

Les agriculteurs français veulent pouvoir vivre de leurs productions, mais puisque notre marché est saturé de produits étrangers qui tirent les prix vers le bas, cette crise ne peut trouver sa résolution que dans une réforme profonde qui réintroduise des protections tarifaires et normatives sur le marché français. Pour protéger notre modèle agricole, dont la dimension doit rester humaine et respectueuse de l’environnement, il est absolument nécessaire de pratiquer une forme intelligente de protectionnisme agricole.

Dans la même logique, il est tout à fait impérieux de combattre le Traité transatlantique TAFTA qui aggraverait encore davantage la situation de nos agriculteurs, et exposerait les consommateurs français à des produits dont les normes sanitaires et environnementales ne respectent pas les nôtres.

Enfin, il est parfaitement révoltant d’entendre de nombreux responsables politiques, et parfois même des responsables syndicaux, culpabiliser les agriculteurs français sur l’Union européenne en leur faisant valoir les aides de la PAC, alors que c’est cette Europe par sa politique folle qui les tue, et que l’argent de la PAC qu’ils perçoivent est intégralement supporté par le contribuable français.