- discours de Marine LE PEN, lors du point de presse sur le Pont Concorde, le 6 septembre à 15h00

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie de votre présence à ce point presse. Nous l’organisons à l’occasion du vote aujourd’hui par l’Assemblée Nationale du projet de loi de finances rectificative. Cette loi de finances alourdira la dette publique de notre pays de 15 nouveaux milliards d’euros, au bénéfice du deuxième plan de renflouement de la Grèce.

15 milliards d’euros, c’est deux fois ce qu’on donne chaque année à notre Justice pour fonctionner. C’est davantage que le déficit des retraites cette année !

Le geste que viennent d’accomplir sous vos yeux les jeunes du Front National symbolise parfaitement ce que plusieurs centaines de députés de l’UMP et du PS sont en train de faire avec l’argent des Français : le jeter à l’eau.

 

En pleine période de crise, quand le chômage explose, le pouvoir d’achat s’effondre, quand le pays file à vitesse grand V vers le surendettement, ces députés ne trouvent rien d’autre à faire que de prendre 15 milliards d’euros dans la poche des Français pour le dilapider.

Les Français, les ouvriers, les fonctionnaires, les salariés, les artisans, les commerçants, les chômeurs, les cadres, les retraités doivent savoir que leurs députés viennent de s’engager en leur nom pour 15 nouveaux milliards d’euros ! Sans leur demander leur avis. Sans s’intéresser à leur opinion. Sans qu’ils aient pu exprimer leur souhait légitime de préserver leur avenir et celui de leurs enfants et petits-enfants.

 

Car qui peut prétendre aujourd’hui que ce vote à l’Assemblée Nationale, d’une importance considérable pour nos finances publiques, s’accompagne d’un véritable débat public ? Qui peut prétendre aujourd’hui que le débat sur ces choix fondamentaux n’est pas occulté ?

 

La réalité, c’est qu’on vote en catimini, dans la précipitation que nous imposent les marchés, parce qu’on a peur du bon sens populaire, parce qu’on sait que si l’on donnait aux Français le temps de s’interroger sur ces plans de renflouement, ils comprendraient bien qu’il n’est pas dans leur intérêt de les financer.

Je le dis ici le plus clairement du monde : les 15 milliards d’euros votés aujourd’hui pour la Grèce sont pure folie. C’est même une insulte faite à nos compatriotes, à qui on demande chaque jour des sacrifices épouvantables.

Il y a 10 jours à peine, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a multiplié les mauvais coups pour tenter de trouver quelques milliards. Et le voilà maintenant qui jette 15 milliards par les fenêtres. Mais quelle est cette logique absurde ? Comment peut-on imposer aux Français, aux classes populaires et moyennes, aux petites entreprises, de nouvelles taxes, des taxes sur les sodas, une hausse de la CSG de 550 millions d’euros, et d’un autre côté alimenter de 15 milliards d’euros supplémentaires en Grèce l’incendie de la zone euro ? On a même pensé à une taxe sur les parcs d’attraction !...

Qui peut accepter une telle irresponsabilité du pouvoir, qui joue un jeu très dangereux avec l’argent des Français et la dette de la France ?

Ces 15 milliards s’ajoutent aux 45 milliards de dette supplémentaire que la France a déjà prévu de contracter pour les plans de renflouement de la zone euro : 2 plans en Grèce, un pour l’Irlande, et un pour le Portugal. Un argent qu’on ne reverra évidemment jamais, ces pays-là étant dans l’incapacité de rembourser.

Chaque trimestre, le ministère des Finances publie un communiqué pour expliquer par ces plans de renflouement le dérapage du déficit public. Mais pourquoi continuer alors ? Pourquoi continuer d’aggraver notre propre dette pour renflouer la dette des autres ? Et pourquoi continuer, alors qu’on voit bien que ça ne sert strictement à rien ?

La Grèce va très mal, sa dette continue d’exploser, à 160% du PIB, elle aura 5% de récession cette année, et les experts disent déjà que ce deuxième renflouement est totalement inutile. Les plans d’austérité actuels la tuent à grands feux.

Et que fera-t-on demain quand il s’agira de renflouer l’Espagne, et l’Italie ? Nos députés UMP et PS se réuniront-ils une nouvelle fois, à la demande de Nicolas Sarkozy, pour voter des centaines de milliards d’euros, scellant ainsi notre propre chute ?

Il est temps de retrouver le sens de l’intérêt national.
Nicolas Sarkozy, l’UMP et le PS pensent-ils un instant à l’intérêt général ou sont-ils trop préoccupés à renflouer leurs maîtres, les banques et les marchés financiers ?

D’autres gouvernements n’ont pas oublié, eux, l’intérêt national de leur propre pays : je pense à la Finlande, qui refuse de s’engager sans réfléchir dans ce plan de renflouement de la Grèce, et qui, elle, exige des garanties. Alors que, nous, nous nous précipitons tête baissée dans cette folle aventure.

Au nom de l’intérêt national de la France, au nom de l’impérieux devoir de lutte contre la dette, au nom de la solidarité que nous devons aux plus pauvres d’entre nous, je condamne très fermement ces 15 nouveaux milliards déversés dans le tonneau sans fonds de la dette grecque.

Je demande solennellement l’arrêt immédiat de ces plans de renflouement à répétition, aussi ruineux qu’inutiles.

 

On parle beaucoup de la fameuse « règle d’or »… La vraie règle d’or, la seule qui ait un sens concret, c’est d’agir réellement dans l’intérêt supérieur de la nation et de notre peuple. Cette vraie règle d’or exige de refuser de dilapider l’argent gagné par le travail des Français.

 

Nicolas Sarkozy a déjà beaucoup trop endetté la France. Il détient même le record de la Vème République en la matière. Celui qu’on peut raisonnablement appeler « le Président de la dette » a déjà creusé de 500 milliards supplémentaires notre dette publique depuis 2007, dont 100 milliards entre 2007 et 2008, avant même le déclenchement de la crise.

Cette irresponsabilité à l’égard de notre peuple et des générations futures, cette très mauvaise gestion des deniers publics doit cesser. Les déficits permanents, la dette en hausse continue, c’est inacceptable. En changeant de cap, on peut retrouver l’équilibre budgétaire rapidement.

Si je suis élue à la tête de l’Etat, je refuserai l’austérité pour ceux à qui on demande toujours de payer plus. Et dans le même temps, je gérerai les finances publiques avec une main de fer.

Cette main de fer, elle ne tapera pas sur les plus petits, ceux à qui on demande toujours de payer, mais elle tapera là où on ne tape jamais, là où il y a de réelles économies à faire.

- 1. Je mettrai fin immédiatement, bien évidemment, aux plans de renflouement des pays victimes de l’euro : pas un centime français, pas un centime gagné par le travail des Français, ne devra quitter la France. Voilà le prix concret de l’euro, puisque seuls les pays de la zone euro comme nous sont appelés à payer. La Grande-Bretagne par exemple, qui a eu la prudence de refuser l’euro, ne débourse pas un centime. Je traiterai à la racine le problème, avec mes partenaires européens.

 

Je rappelle d’ailleurs que j’ai toujours proposé un processus organisé et planifié avec ces partenaires européens. En le refusant, en refusant même le débat sur l’euro, on fait le choix de l’irresponsabilité, du grand barnum, du grand n’importe quoi, de la panique généralisée élevée au rang de méthode de gouvernement.

- 2. J’engagerai un plan de désendettement massif de la France, en gérant de façon enfin responsable l’argent public. Ainsi, je distinguerai la bonne dépense publique, celle qui finance les services publics, l’école, la santé, les retraites, la sécurité, la défense, de la mauvaise dépense publique : coût de l’immigration, fraude sociale, dérives de la décentralisation, argent versé à l’Union européenne sans retour, niches fiscales réservées aux puissances d’argent, comme la niche Copé pour les très grands groupes.

Aujourd’hui, le pouvoir sarkozyste s’en prend à la bonne dépense publique : il ferme nos hôpitaux, nos commissariats, nos gendarmeries, nos écoles, nos casernes. Il augmente les taxes à la consommation. Il pressure les petits retraités, à qui on augmentera bientôt la CSG. On a même pensé à diminuer les indemnités chômage des cadres !

En revanche, il laisse prospérer la mauvaise dépense publique. Rien n’est fait contre elle. Au contraire : on multiplie depuis 2007 les cadeaux aux amis du pouvoir, on accroît chaque année l’immigration légale, jusqu’à battre des records historiques comme en 2010 : 80% d’immigration en plus par rapport à Lionel Jospin. On fait de la communication mais on ne s’attache pas à lutter contre la fraude sociale : quid des contrôles de train de vie suspects, dans les camps de roms ou certaines cités ? Rien n’est fait.

Mon gouvernement sera impitoyable avec cette mauvaise dépense publique, en s’en donnant tous les moyens.

 

- 3. Enfin, je dégagerai la France des griffes de ses créanciers, banques rapaces et marchés financiers.

Aujourd’hui, et depuis quelques décennies, banques et marchés jouissent d’un monopole dans la gestion de notre dette publique. Et bien sûr, ils en profitent, ils nous tiennent, ils peuvent spéculer sur notre dette, ils deviennent les maîtres de nos gouvernants.

Je mettrai fin à cette dépendance vis-à-vis du marché et de la banque.

J’ouvrirai ainsi la gestion de la dette publique à notre Banque de France, restaurée dans ses prérogatives. Concrètement, l’Etat pourra directement, de nouveau, lui emprunter, à des taux très faibles. Il n’est plus question de nous épuiser à payer des intérêts à des banques privées et des fonds de gestion sur les marchés financiers quand nous empruntons pour l’avenir de notre pays.

 

Je vous remercie.